Peut-on growth hacker le recrutement ?
26 avril 2023La mode du growth hacking a commencé dans le monde des startups : il suffirait d’une ou deux astuces pour faire décoller ses ventes et transformer une startup inconnue en licorne. Et on a vu récemment le growth hacking arriver en recrutement. Par exemple :
- en utilisant de nouveaux canaux de sourcing : "J’ai sourcé sur stack overflow et en 1 heure j’ai recruté 3 développeurs".
- En diffusant un message de façon différente : "j’ai diffusé une annonce en binaire, 250 excellents développeurs ont postulé en 24h".
Waouh ! Mais qu'en est-il vraiment ?
En recrutement, les astuces ne marchent pas sur le long terme
Forcément, penser que quelques astuces et peu d’efforts suffiront à vous faire recruter de supers profils sans se farcir des sessions de sourcing, un suivi de pipe et des relances est séduisant. D’ailleurs, ce type de discours fait sensation lors d’évènements recrutement type NCDR. Pourtant, en creusant ces beaux récits nous avons été souvent déçus : marque employeur canon, profils très simples à trouver,... Bref, des situations très particulières et peu duplicables.
Qui ne rêve pas de réussir sans effort sous une pluie de billets ?
D’ailleurs, chez Huntool, on passe notre vie à discuter avec des recruteurs (en cabinet de recrutement, en ESN, freelance). Ce qui fait la différence est assez classique :
- la connaissance fine de son secteur/du client.
- Un réseau tissé au fil des ans.
- Une démarche commerciale qui place le recruteur en position de réussite dès le début : retainer pour impliquer le client, brief clair, mission cadrée (non, on ne va pas trouver un mouton à 5 pates avec des ailes et un bec car ça n’existe pas).
Bref : un travail méthodique pas forcément glamour mais qui paie sur le long terme.
Tout n’est pas à jeter dans le growth
Pourtant, le growth hacking peut beaucoup apporter sur certains types de recrutement.
Oubliez les astuces de growth hacking du début des années 2000 (on pense au PS : I love you de Hotmail), le growth moderne est une pratique rigoureuse d’optimisation d’un tunnel de conversion. Et là, les parallèles avec un process de recrutement sont nombreux :
- Acquisition : combien de personnes découvrent notre produit (nos offres de job ou nos messages d’accroche) chaque semaine
- Activation : postulent-elles ? Répondent-elles à nos approches ?
- Rétention : est-ce que ces candidats restent dans le process de recrutement / dans la société après recrutement ?
- Référence : il y a t-il de la cooptation ?
- Revenu : en growth hacking, la dernière étape correspond à la souscription payante. Peut-être que cette étape pourrait correspondre à la signature du contrat de travail dans le cadre d’un recrutement.
Ce cadre de pensée est donc très intéressant pour structurer un process de recrutement et en identifier les soucis structurels.
Les étapes à ne pas brûler
Ce cadre de pensée est fait pour un process de recrutement (relativement) standardisé. En d’autres termes :
- c’est très puissant si vous êtes une ESN avec des centaines de recrutements assez similaires.
- C’est plus compliqué à mettre en place si vous êtes un cabinet d’Executive Search avec des postes très spécifiques.
Et gardez en tête le plus important : une stratégie de growth bien pensée vous permettra de décupler vos actions. Encore faut-il avoir quelque chose à décupler ! Les fondamentaux restent donc d’actualité plus que jamais :
- avoir un besoin bien identifié (et réaliste).
- Bien connaître sa cible : ses attentes, son language, ses intérêts,...
- Travailler ses messages.
Sans cela, vous risquez d’amplifier industriellement des erreurs basiques : par exemple, automatiser un mauvais message et vous griller auprès d'un public candidat.
Bilan : séparez le bon grain de l'ivraie 🙏
Rappelons nous que les plus belles histoires d'"astuces" viennent de stratégie d’acquisition utilisateurs sur internet dans les années 90. Cela veut dire que :
- c'était une période où internet était beaucoup moins mature qu’aujourd’hui.
- Il est beaucoup moins engageant de changer de job que de choisir un logiciel. Changer de job, c’est poser une démission, se mettre soi et sa famille dans le risque d’une période d’essai, parfois déménager.
Prendre le growth hacking tel quel pour changer un processus de recrutement est donc illusoire. Par contre, emprunter (avec du recul) certaines techniques venant d’autres mondes comme le marketing, le commercial, le lean, la psychologie... et le growth hacking c’est : oui, oui et 1000 fois oui !
Bon sourcing !